- subtilité
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• subtiliteit 1190 ; réfect. de soutilleté, sutilitet v. 1119; lat. subtilitas, de subtilis → subtilA ♦ La subtilité.1 ♦ (Abstrait) Caractère d'une personne subtile; aptitude à penser, à parler ou à agir avec finesse et habileté. ⇒ 2. adresse, délicatesse, finesse, raffinement. Les gamins « remplissent avec exactitude, parfois avec subtilité, des missions qui ne sont pas toujours commodes » (Romains). Subtilité d'esprit. « Sa subtilité à discuter [les matières] les plus délicates » (Diderot).♢ Caractère de ce qui est subtil (I, 3o). La subtilité d'une analyse, d'un stratagème, d'un problème, d'une question. ⇒ complication, difficulté.2 ♦ (Concret) Littér. Caractère d'une substance subtile (II); fluidité extrême. Un parfum d'une grande subtilité.B ♦ Une, des subtilités. Pensée, parole ou action subtile (habile et fine ou difficile à percevoir, à comprendre). Subtilités de langage, de raisonnement. ⇒ abstraction, argutie, artifice, chicane. Disputer sur des subtilités. ⇒ subtiliser. « en homme qui se juge affranchi des subtilités de la courtoisie » (Duhamel). ⊗ CONTR. Bêtise, balourdise, épaisseur, lourdeur.Synonymes :- délicatesse- finesse- lucidité- perspicacité- sagacitéContraires :- épaisseur- lourdeurFinesse, raffinement excessif de la pensée, de l'expression, etc.Synonymes :- argutie- chinoiserie (familier)- ergotage- maniérisme- préciositésubtilitén. f.d1./d Caractère d'une personne, d'une chose subtile. Subtilité d'un tacticien. Subtilité d'une manoeuvre.d2./d Raffinement dans le raisonnement, dans la pensée. Les subtilités de ce développement m'échappent.⇒SUBTILITÉ, subst. fém.A. — [Corresp. à subtil A]1. Vieilli ou littér. Caractère d'une substance subtile; fluidité extrême. La subtilité de l'air, des atomes, d'un gaz, d'une odeur. La poussière pénètre dans les chambres les mieux fermées, dans les lits, dans les armoires. Enfin les Turcs, pour exprimer la subtilité de ce sable, disent qu'il pénètre à travers la coque d'un œuf (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 229).— THÉOL. Qualité du corps glorieux lui permettant de pénétrer à volonté la réalité matérielle. V. impassibilité A ex. de Proudhon.2. Vieillia) [À propos des sens] Acuité (d'un sens). Synon. finesse. Subtilité de la vue. Son oreille d'une étrange subtilité, trouve le bruit où tout le monde trouve le silence (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 238).b) Adresse, vivacité, souplesse (d'une personne). S'évader avec subtilité. Ce mouvement roulé (...) développe la subtilité dans le contrôle des doigts [main droite] sur la baguette [de l'archet] (CAPET, Techn. archet, 1916, p. 23). Il y a des sports pour développer la subtilité, comme l'escrime (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 605).B. — [Corresp. à subtil B]1. Caractère d'une personne subtile; aptitude à penser, à parler ou à agir avec finesse et habileté. Synon. finesse, ingéniosité, intelligence, pénétration, perspicacité, sagacité. Subtilité grecque; admirable, merveilleuse, prodigieuse subtilité. Ses propos étaient d'une subtilité si rare, et pleins d'allusions si minutieuses, que l'on courait sur l'extrême pointe du pied pour l'y suivre (GIDE, Si le grain, 1924, p. 544). Je me risquerai même à parler de raffinement, à condition de ne point entendre par là une excessive recherche, mais cette subtilité sans quoi nous échapperaient nombre d'éléments du réel (Le Monde, 13-14 mars 1988, p. 11, col. 2).2. Caractère de ce qui est subtil. Subtilité littéraire, métaphysique, philosophique, psychologique; subtilité d'une analyse, d'une exégèse, de langage, de raisonnement, du style. Ranke (...) a su ajouter à la pénétration et à la subtilité de l'enquête critique, avec la largeur de vue de l'esprit philosophique, la plume heureuse d'un classique de sa langue (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 285).3. P. méton., gén. au plur., parfois péj. Pensée(s), parole(s), attitude(s) subtile(s). Synon. finesse(s), raffinement(s). Subtilités de l'amour, du cœur; subtilités d'école; subtilités juridiques, scolastiques, sentimentales; ne pas s'embarrasser de subtilités. Vous, mon cher ami, clair esprit de Provence, fils de Mistral, admirer, défendre les obscurités prétentieuses, les subtilités torturées d'un Paul Valéry... Que j'ai de peine à vous lire! (BREMOND, Poés. pure, 1926, p. 83). Psichari n'entrait pas dans ces subtilités qui lui paraissaient absurdes (THARAUD, Péguy, 1926, p. 179).C. — [Corresp. à subtil C] Aptitude (d'un artiste, notamment) à percevoir les nuances, les rapports, les valeurs; p. méton., délicatesse, finesse. Subtilité de l'art, du coloris, des harmonies. Leur œil est insensible aux subtilités que le peintre a cherchées jadis dans les glacis infiniment légers ou même des patines impondérables. Ne se fient-ils pas d'ailleurs (...) aux constats mécaniques du laboratoire, qui ne sauraient enregistrer ces présences infinitésimales? (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 51).Prononc. et Orth.:[syptilite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Abstr. 1. fin XIIe s. « caractère de ce qui est subtil, d'intelligence délicate » (Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, p. 99, 33: [choses] ke per lor subtiliteit fuyent ceos cuers ki poc sunt ancor subtil); ca 1200 (Moralium in Job, éd. W. Foerster, p. 331, 35: la suptiliteit de la deventriene parole); 2. ca 1210 « finesse d'esprit, intelligence » (Dolopathos, éd. Ch. Brunet et A. de Montaiglon, 74; 326); 1370-72 grossement, senz grant subtiliteit (NICOLE ORESME, Ethiques d'Aristote, éd. A. D. Menut, I, 3, p. 107); 3. 1538 « pensée, parole d'une finesse, d'une acuité excessives » (EST., s.v. acuo, acumen: acuminibus suis se compungunt dialectici, par leurs subtilitez; s.v. arguo, argutiae: petites subtilitez). B. Concr. 1re moit. XIIIe s. [ms.] « caractère de ce qui est composé de particules déliées » les subtilitez de l'air (Comm. sur les Psaum. Bibl. nat. fr. 936, fol. 116 ds GDF. Compl.); 1256 (Le Régime du corps d'Aldebrandin de Sienne, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 19, 23). Adapt. d'apr. le lat. subtilitas « finesse, ténuité », fig. « pénétration d'esprit », de l'a. fr. sotileté (1119 « finesse d'esprit, ingéniosité », sutiletet (PHILIPPE DE THAON, Comput, éd. E. Mall, 852)). Fréq. abs. littér.:514. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 782, b) 460; XXe s.: a) 819, b) 778.subtilité [syptilite] n. f.ÉTYM. XIIe; réfection, d'après le lat., de soutilleté, sutilitet (v. 1119); subtiliteit, 1190; d'abord au sens lat., « habileté corporelle, ruse, intelligence »; lat. subtilitas, de subtilis. → Subtil.❖♦ Littéraire ou style soutenu.1 (Abstrait). Caractère d'une personne subtile (I., 1.); aptitude à penser, à parler ou à agir avec finesse et habileté. ⇒ 2. Adresse, délicatesse, finesse, raffinement (→ Couper, cit. 8; duperie, cit. 2). || Faire qqch. avec subtilité (→ Exactitude, cit. 7; perler, cit. 1). || La subtilité d'un penseur, d'un écrivain, d'un diplomate. || Subtilité d'esprit. || Subtilité à (suivi de l'inf.). → Pénétration, cit. 5.1 La trop grande subtilité est une fausse délicatesse, et la véritable délicatesse est une solide subtilité.La Rochefoucauld, Maximes, 128.♦ Caractère de ce qui est subtil (I., 4.). || Subtilité d'une analyse, d'une distinction, d'une pensée, d'un raisonnement. || Œuvre d'une subtilité insupportable (→ Longueur, cit. 9). || Subtilité du style. ⇒ Préciosité. || Subtilité d'une manœuvre, d'une ruse, d'un stratagème. ⇒ Subtil (III.). || Subtilité d'un problème, d'une question. ⇒ Complication, difficulté.2 (Concret; → Subtil, II.). Vieilli ou littér. Caractère d'une substance subtile; fluidité extrême. || La subtilité d'une matière, d'une vapeur, d'une odeur (→ Rêverie, cit. 10).3 (V. 1538). Souvent péj. (Une, des subtilités). Pensée, parole ou action subtile (I., 4. ou III.), habile et fine, ou difficile à percevoir, à comprendre. || Subtilités de langage, de raisonnement. ⇒ Abstraction, argutie, artifice, chicane, entortillage, équivoque (→ Casuiste, cit. 3). || Des subtilités de mandarin (→ Chinoiserie, cit. 4). || Disputer sur des subtilités, des pointes d'aiguille, d'épingle. ⇒ Subtiliser. || Subtilités captieuses, évasives, pour éluder une question. ⇒ Escamotage.2 Il arrivait toujours à l'improviste et s'excusait d'un seul mot, en homme qui se juge affranchi des subtilités de la courtoisie.G. Duhamel, Salavin, V, VIII.❖CONTR. Balourdise, bêtise, épaisseur, lourdeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.